Sécurité : équipement de mouillage mythe et réalité

Les ouvrages pratiques et articles d’initiation sur le mouillage des bateaux de plaisance ne manquent pas. Ecrits par des praticiens, parfois célèbres, ils sont naturellement orientés vers le comment plutôt que vers le pourquoi. Mais s’il n’est pas indispensable de comprendre pour bien faire, il est indéniable que l’on fait mieux ce que l’on comprend bien. Le comportement d’une ligne de mouillage est régi par des principes physiques très simples, dont la compréhension peut contribuer à améliorer la quiétude de nos mouillages forains.

Réveillés en sursaut par la stridence soudaine du vent – nos voisins de mouillage ont relevé une pointe à 65 nœuds – nous mesurons bien vite la gravité de la situation. Il fait nuit noire et le «Leveche », incroyablement chaud, entraîne le Maldive vers les rochers qui débordent la passe d’accès de cala Pregonda, sur la côte nord de Minorque. Je file la vingtaine de mètres de chaîne restante pendant que Daniel démarre le moteur hors-bord – sans grand espoir car celui-ci ne tourne que sur un cylindre depuis hier matin et il n’y a pas de bougie de rechange à bord. Trois mètres en dessous, au bout de 40 m de chaîne de 8, l’ancre Britany de 12 kg semble stabiliser un moment le catamaran, puis repart en chasse sous les rafales. La deuxième ligne de mouillage? Nous l’avons essayée le lendemain de notre départ d’Alcudia : la vague imitation de COR, brute de fonderie, n’a jamais réussi à crocher dans le sable de Formentor, alors…

Evelyne rassemble cirés et harnais tandis que Danielle extrait le matelas d’une couchette pour protéger fa coque au cas où …, et l’on s’apprête à couper l’étalingure pour appareiller, quand le vent mollit subitement. Toujours cafouilleux, le 9,9 CV nous permet néanmoins de progresser vers j’intérieur de l’anse. Nous remouillons. Rafales et grains reprennent de plus belle. La visibilité est nulle – d’autant plus que le feu de pont est lui…
Un mouillage venteux (35 nœuds) à Porto Sisco en Sardaigne : pourvu que l’ancre tienne aussi hors service. Le bateau ne bouge plus. Dans le faisceau des torches, des têtes de rochers apparaissent, à quelques mètres sur tribord: nous sommes rentrés trop profondément dans le lagon! Nous sommes échoués! Et toutes nos tentatives pour sortir de cette situation restent vaines.
Au petit jour, nous comprenons la véritable raison de notre infortune: le niveau de l’eau a fortement baissé, phénomène de marée barométrique dont l’ampleur n’a rien d’exceptionnel ici, à en croire les Instructions Nautiques. Fait confirmé par des pêcheurs locaux venus nous aider – sans plus de succès – qui nous apprennent que cette nuit même, le port de Ciudadela, à 10 milles d’ici, s’est littéralement vidé, pour se remplir quelques minutes plus tard, occasionnant un beau carnage dans la flotte de plaisance qui s’y croyait à l’abri.
Dans LN de janvier 1990, Max Poupart a décrit la panique qui régnait au même moment dans l’ile voisine de Majorque, parmi la centaine de bateaux mouillés à Puerto de Soller.

Toute la journée, le vent souffle du SE en rafales de 35 à 45 nœuds, et le niveau de l’eau continue de baisser lentement, le catamaran toujours perché sur J’arrière de son aileron tribord.

Vers 21 heures, le vent faiblit. Le niveau de l’eau commence à remonter. Une demi-heure plus tard, le Maldives flotte enfin librement.

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